vendredi 1 septembre 2023

Les Pénitents d'Aigues-Mortes sont repartis en pèlerinage aux Saintes Maries de la Mer par les chemins

 


La tradition du pèlerinage aux Saintes depuis Aigues-Mortes par le chemin de Peccais, relancée
par les Pénitents d'Aigues-Mortes avec notre aide, a repris cette année après 3 ans d'interruption.

Les pénitents et les marcheurs qui les accompagnaient sont partis de la place de la Viguerie le 24 mai au matin, après la bénédiction à la chapelle des Pénitents gris par le curé d'Aigues-Mortes.

Accompagnés de deux cavalières des Saintes et de deux calèches, ils ont rejoint le chemin de Pan Perdu, sont passés devant le domaine du Bosquet, puis ont pris le chemin de Tasse vers le Fort de Peccais pour les 9 kms de la matinée. 


 Ils ont constaté avec tristesse la nudité du chemin communal après l'abattage des pins centenaires effectué par les Grands Domaines du Littoral juste avant le 1er avril. Sur le chemin privé, les plus belles allées ont été massacrées. Les roseaux repoussent, beaucoup de souches ont été enlevées, mais il faudra deux générations avant de retrouver les frondaisons. Certains lieux enchanteurs, comme la triple allée de pins avant la deuxième barrière, sont définitivement défigurés. Le nettoyage des roubines, raison avancée pour justifier la coupe, n'a toujours pas été fait après deux mois, et la jussie envahit certaines portions.

Passée la deuxième barrière, dans la dernière partie encore bordée de pins, les coupes ont été nombreuses mais moins radicales. Puis le chemin devient plus aride, les derniers kilomètres avant  Peccais se font dans la chaleur, avant le pique-nique près du Fort.


 Les pèlerins ont continué l'après-midi à travers la plaine de Tasse par la draille et le chemin de halage du canal de Peccais, jusqu'à Sylvéréal et Pin Fourcat, 13 kms jusqu'à l'étape du soir. L'orage passager les a cueillis juste avant l'arrivée à la manade Bec. Le curé d'Aigues-Mortes les a rejoints pour célébrer la messe, avant la soirée provençale.



 

Le lendemain, après le passage du bac, ils ont pris le chemin de la Valette, puis le chemin bas des Launes et la piste cavalière jusqu'à l'église, émerveillés par la diversité des paysages traversés au cours des 35 kms parcourus. Ils se sont serrés sous l'averse pour accompagner la barque de Marie Jacobé et Marie Salomé jusqu'à la mer, avec les Pénitents des Saintes et les gitans qui la veille avaient accompagné Sara.



 

Photos ©Isabelle Secretan


Ils ressentaient tous la
joie d'avoir pris le chemin du pèlerinage avec "celui qui croyait au Ciel, celui qui n'y croyait pas". Joie du groupe, de la marche à travers la Camargue, des épreuves surmontées, des étapes, de l'hospitalité de la manade Bec et de la soirée provençale.

Joie du lien entre les Pénitents d'Aigues-Mortes, de Montpellier et des Saintes, de la barque portée à bras qui s'avance dans la mer vers les chevaux et revient vers le village.
Joie de maintenir cette tradition, cet espace naturel intimement lié à l'homme, ce chemin historique et toujours menacé, gardé par le Fort de Peccais qui régulait autrefois la circulation et le passage vers le Rhône et la mer, route du sel et du vin.
 
Les Saintes-Maries-de-la-Mer, Aigues-Mortes, Arles, Saint Gilles, quadrilatère sacré de la Camargue.


jeudi 6 juillet 2023

Abattage massif et illégal de pins centenaires sur le chemin du Fort de Peccais par les Grands Domaines du Littoral, un saccage qui doit être compensé

 

Le mardi 4 avril 2023 nous sommes alertés sur l'abattage massif de l'essentiel des allées de pins sur le chemin du Fort de Peccais, exactement chemin de Tasse, sur la commune de Saint Laurent d'Aigouze, après le domaine du Bosquet.

 L'abattage est tout récent, effectué par les Grands Domaines du Littoral (vignobles Jarras-Listel). Le chemin, en partie communal et en partie privé, est encombré sur 3 kms d'arbres coupés, pins centenaires dont les souches gouttent de sève. Les roubines sont pleines de branchages. Les arbres ont été tronçonnés à la scie circulaire, quelquefois à hauteur de clôture. 

Ces pins étaient plantés en alignement le long du chemin et le long de la roubine, formant par endroit une allée remarquable, au point qu'elle servait de repère pour l'aviation civile.

 Nous prenons des photos et alertons la mairie de Saint Laurent d'Aigouze, qui nous confirme qu'aucune autorisation n'a été demandée ni accordée, et qui envoie sur place la police municipale.

 
Nous publions une alerte et les photos sur facebook, pour garder la mémoire :
  • du nombre d'arbres abattus, plus d'une centaine,
  • de leur état, sain pour l'essentiel, 
  • de leur position par rapport aux roubines, non gênante pour la plupart.


 
 Le 12 avril nous alertons France Nature Environnement via la plate-forme des Sentinelles de la nature.

A Aigues-Mortes le sujet est inscrit en question d'actualité à la fin du conseil municipal du 13 avril https://www.facebook.com/yann.albert1/videos/190218757126382/  Le maire évoque "une grosse bêtise" des Grands Domaines du Littoral, et lit un courrier de Bruno Mailliard, fondé de pouvoir de l'entreprise, qui invoque le nécessaire nettoyage des roubines pour lutter contre la salinité, l'état et la dangerosité des arbres.

Ces raisons sont reprises dans un communiqué de presse à la suite des interrogations de Midi Libre et de la Gazette de Nîmes. Ceux qui se sont rendus sur place juste après l'abattage savent que ces raisons ne tiennent pas. Nos photographies du 4 avril, puis les photographies des souches prises le 14 avril en attestent https://photos.app.goo.gl/KWnWLJ6QBPZFA5z86 (photographies d'Isabelle Secretan)
 
 
Le 17 avril nous adressons, avec l'ASAP, (association de Sensibilisation et d'Actions pour la Planète), que nous avons alertée, un courrier commun à la Préfecture du Gard et au Syndicat Mixte de la Camargue gardoise dont voici des extraits :
"Au cas présent, ce n’est pas un arbre qui a été abattu sans autorisation, mais un grand nombre, plus de 100 sans doute, principalement des pins, pour la plupart centenaires, sains, et de grande taille, certains de plus de deux mètres de circonférence. Ils composaient un alignement, parfois une allée, long de 3 km et formaient une unité paysagère unique et exceptionnelle en bordure d’étangs et lagunes et, partiellement, de vignes, sur le chemin historique du Fort de Peccais inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques.

Cet alignement jouait par son caractère rare et isolé, au cœur d’un espace vaste et dégagé en limite des salins, un rôle écologique de corridor, de refuge et d’habitat, vital pour de nombreuses espèces.

La sensibilité de ce site est couverte par de multiples niveaux de protections. Il est situé dans les site Natura 2000 « ZPS Petite Camargue laguno-marine », « SIC Petite Camargue » et la réserve de biosphère de Camargue. Le chemin se trouve en limite de trois ZNIEFF de type 1 : « Marais du Bourgidou », « Salins d’Aigues-Mortes », « La Calvière ». La zone est pour l’essentiel classée en zone naturelle Ner et Nerl au PLU de la commune de St-Laurent-d’Aigouze.

Le dommage causé à cette zone par les GDL est donc majeur et a provoqué « une dégradation substantielle de la faune et de la flore » (art L173-3" du code de l'Environnement) ...
 
"Face à cette violation manifeste de la loi, nous souhaiterions connaître les dispositions que vous entendez prendre. Au-delà des suites judiciaires éventuelles, il nous semble nécessaire que des mesures de compensation soient imposées aux GDL compte-tenu du préjudice durable subi par le patrimoine naturel et par les usagers de ces lieux à haute valeur historique et environnementale."
 

Le 18 avril nous rencontrons le maire de Saint Laurent d'Aigouze pour évoquer les nécessaires mesures de compensation, puis le 20 avril, une réunion est organisée en mairie de Saint Laurent avec Bruno Mailliard et Julien Fort des Grands Domaines du Littoral, notre association, et l'ASAP. Les mêmes raisons nous sont longuement présentées par l'entreprise, sans aucune expression de regret. Nous communiquons notre courrier et insistons sur :
  • l'illégalité de l'abattage, 
  • la nécessité de compensation et de replantation,
  • le lien rompu avec la population attachée à ce lieu emblématique dont le saccage par l'une des principales entreprises agricoles du territoire est incompréhensible.
Les maires de Saint Laurent d'Aigouze et d'Aigues-Mortes sont mobilisés et prêts à relayer une action de la Préfecture, attentifs à ce que d'autres coupes n'interviennent pas à Jarras ou au Daladel.
Nous sollicitons aussi les avis de botanistes et de l'association Allées-Avenues, que nous remercions pour leur aide. Sur leur conseil nous demanderons que les allées d'arbres soient inscrites au Plan Local d'Urbanisme.
 
Le 27 avril un appel du chef du service Environnement et Forêt de la DDTM du Gard (Direction départementale des territoires et de la mer) nous informe que la Préfecture a demandé aux Grands Domaines du Littoral de lui présenter rapidement un plan de compensation et de replantation validé par un bureau d'études. Il sera demandé aux GDL de communiquer sur les mesures prises.

Sur le terrain, le déblayage des arbres et des branchages se poursuit avec de gros engins. Les barrières du chemin privé, normalement ouvertes en semaine, sont maintenues fermées et les promeneurs dissuadés de passer. Tout le bois est broyé en copeaux.

 
Fin mai le désouchage est en cours, les roseaux repoussent à la place des arbres. Un produit bleuté est visible sur certaines souches. Les roubines ne sont toujours pas nettoyées. Dans certaines parties la jussie envahit le réseau.

Le 1er juin, nous adressons avec l'ASAP un nouveau courrier à la DDTM et à la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement)  où nous rappelons :
"Sans mettre en cause la nécessité impérieuse du nettoyage du réseau hydraulique dans un contexte d’augmentation de la salinité des terres, nous maintenons qu’elle ne peut justifier cet abattage massif d’arbres sains et centenaires, réalisé sans autorisation à la plus mauvaise période pour la faune et la flore."
Et nous demandons : 
"A ce jour nous sommes toujours en attente de décisions officielles prises par les services de l’Etat ainsi que de réponses sur le niveau d’engagement de la procédure et son délai de mise en œuvre. Sur le terrain, deux mois après l’abattage, le bois a été broyé, le désouchage est en cours, un produit est répandu sur les souches restantes, les barrières sont fermées, les roubines ne sont pas nettoyées, la jussie gagne par endroits.

Au regard de l’émotion suscitée par cette affaire nous ne pouvons pas accepter qu’une simple demande de régularisation soit demandée au propriétaire. Nous attendons des compensations fortes à la hauteur de l’impact environnemental et paysager. Nous demandons aussi que soient garantis l'accès au chemin du fort de Peccais et l'entretien de ce chemin."
 
Nous restons donc mobilisés pour rappeler l’importance des dommages irréparables causés sur ce chemin historique et structurant, inappréciable corridor écologique.


Photographies de cet article ©Isabelle Secretan


L'association Allées-Avenues a publié un memento d'application