dimanche 15 août 2021

Vers le Fort de Peccais et la plaine de Tasse depuis Aigues-Mortes

Il faut de la constance et un peu d'endurance pour aller à Peccais et au-delà vers la plaine de Tasse. Le chemin est long, la plaine aride, la découverte de ce site unique se mérite mais ne peut s'oublier. Le Fort est à 9 kms d'Aigues-Mortes, et la station de pompage de Boniface est 4 kms plus loin soit 26 kms aller et retour, qu'on peut faire à pied, à cheval, à vélo, voire en attelage.

La description audio de la balade sur Delta FM 88.9 est ici  

On quitte Aigues-Mortes après le Collège par le chemin du Bosquet, jusqu'à la patte d'oie où le Fort de Peccais est indiqué à gauche. 

On contourne le mas du Bosquet, jusqu'à la croix des Pénitents gris où on s'engage sur le chemin à droite. On poursuit entre les vignes, tout droit jusqu'à une barrière métallique verte, le plus souvent ouverte. Là le chemin principal qui est le chemin privé de Listel continue tout droit. Le chemin communal est indiqué à gauche. Les deux se rejoindront plus loin, après une deuxième barrière. On peut emprunter le chemin privé à l'aller, le chemin communal au retour. Celui-ci est moins damé, plus tortueux et plus sauvage ; il suit le canal du Bourgidou.


Par le chemin privé on continue le long des vignes, puis sous les pins et les peupliers blancs qui bordent le canal de ceinture des salins, très large à cet endroit. Il n'est pas rare d'y voir des aigrettes. 

Un étang s'ouvre sur la gauche, on aperçoit peut-être des cygnes et des flamants. Les vignes reprennent à droite, avant un grand portail métallique qui défend l'accès aux salins. On poursuit entre deux murs de roseaux ou cannes de Provence qui coupent le vent et entre lesquels il peut faire chaud.

Patience, dans la végétation sur la droite, voici qu'on aperçoit le Fort, sa dernière échauguette en mauvais état, puis la muraille du soubassement dont on appréhende peu à peu les dimensions exceptionnelles et la forme en étoile. Plus rien ne reste des bâtiments ni des fortifications entourés d'une roubine. Jusqu'à 140 personnes ont vécu dans cette enceinte autour de laquelle se pressaient les convois et les barges. Plus loin en grimpant sur la butte le long du chemin, la vue sur l'enceinte et sur les salins permet de comprendre la position stratégique. On aperçoit les restes de quelques glacières, et à gauche ceux d'un blockaus de la dernière guerre. Dans les talus, les guêpiers nichent de mai à septembre.




On ne peut que penser à la rudesse des conditions de vie des ouvriers des salins et des soldats en garnison à l'époque où le Fort contrôlait les convois de sel qui partaient vers le Rhône pour alimenter le royaume de France et, de l'autre côté du fleuve, l'Empire. A l'époque Peccais donnait son nom aux plus grandes salines du Midi. Maintenant on dit "va t'en à Peccais" comme "va au diable". 

Après le Fort le chemin bute sur le portail de la presqu'île de Mourgues, et oblique vers l'est où il rejoint le canal du Bourgidou et se dédouble en voies parallèles, le chemin de halage à gauche, et à droite dans la plaine de Tasse, l'ancienne draille empierrée. Au début les ornières sont profondes, le passage peut être difficile après les pluies. Ensuite les deux chemins sont plus ou moins stabilisés.




Ce chemin, qui se poursuit jusqu'à Sylvéréal et son pont, et dont une branche rejoint Pin Fourcat pour mener au bac du Sauvage, est le lien entre le Languedoc et la Provence, la Camargue gardoise et l'île de Camargue. Il longe l'ancien bras du Rhône, dit Rhône de Peccais, devenu canal du Bourgidou et canal de Peccais. Le delta qui comptait jusqu'à 9 bras s'est en effet au fil du temps resserré et déplacé vers l'est. C'était à la fois un itinéraire de transhumance, de pèlerinage, d'échange.

A l'aller on peut emprunter la draille à travers la plaine. Quelques bornes milliaires attestent encore de son ancienneté.

Sur la droite s'étendent les étangs du Brasol et de Boniface. L'été les eaux semblent se retirer au fond de la plaine. C'est le domaine des échasses et des avocettes. Dans les cuvettes, le sel se cristallise. On peut admirer les restes du mas de Larbière, pris dans la végétation. 

Avant le mas de Larbière, un chemin le long du canal à droite menait au mas de Clamador aujourd'hui fermé d'un portail, puis aux caves de la Pinède d'où le vin était transporté jusqu'au Rhône dans des barges. Les mas étaient habités, les enfants allaient à l'école. 


La station de pompage de Boniface marque une rupture. A droite c'est l'étang du Lairan. A partir de là la draille est interrompue. On la retrouve plus loin derrière le talus. Si on  continue vers Sylvéréal, il faut ouvrir et refermer la cledas et suivre le chemin de halage, mais il est barré au bout par un portail : un mousqueton permet cependant de manoeuvrer le cadenas, il faut le remettre en place après être passé. Nous demandons qu'une solution simple de passage des piétons, vélos et chevaux soit mise en place. 

Photos ©Jean-Luc Coulon, juillet 2021
On peut revenir vers le fort par le chemin de halage le long du Bourgidou. On repart ensuite vers Aigues-Mortes, avec la variante possible du chemin communal.


Ici le film de 5' sur le Fort, fait par Nicolas Faucherre, historien et archéologue, passionnant et amusant.
Le Fort appartient depuis 2012 au Conservatoire du littoral. Il est inscrit au titre des Monuments historiques. Une association verra-t'elle le jour pour pousser à sa préservation ?




Pour en savoir plus sur l'histoire des salines de Peccais, lire ici un articles des Annales du Midi sur les salines de Peccais au XIVe siècle  

Carte IGN de 1950 sur le site Geoportail  

Retrouvez notre chronique sur Delta FM 88.9 en juillet et août :
- mardi à 8h20 ;
- vendredi à 11h40 ;
- dimanche à 9h30.

On peut se procurer le cartoguide Terre de Camargue à l'Office de Tourisme et dans le commerce.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire